
Avec PITIWOOD, la nature amazonienne habille la mode … en lin !
Maryse Prigent, à Cayenne, en Guyane, s’apprête à sortir sa griffe : PITIWOOD, une marque éco-responsable basée sur la « linen attitude », comprenez la fibre de lin. Elle s’appuie sur l’expertise de Bien à Porter pour que ses prochaines collections soient de plus en plus inclusives et adaptées aux problématiques de santé ou de handicap. Découvrons ses projets !
Le lin, matière naturelle végétale, a beaucoup de qualités surtout quand il fait très chaud : respirante, thermorégulatrice, et tellement légère ! Porter du lin en été, c’est le réflexe absolu à avoir. La mode éthique de PITIWOOD se déclinera d’abord avec des tops pour les femmes dotés de motifs inédits inspirés de la nature amazonienne. Sa fondatrice, une ancienne psychologue, veut que la mode éthique trouve tout son sens dans nos habitudes de consommation et pour que la planète terre se porte mieux. C’est pourquoi Bien à Porter va l’aider à trouver les meilleures solutions vestimentaires adaptées à différentes pathologies.
Votre première pièce sera en vente avant l’été. Décrivez-nous votre marque !
Pitiwood sera lancé bientôt… J’ai créé cette marque pour proposer aux femmes de s’interroger sur leur manière de consommer. Je crois vraiment que la mode éthique est un moyen extraordinaire pour changer nos représentations, interroger nos valeurs, notre relation à soi, au vivant et à la nature qui nous entoure. Si on accepte d’être sincère avec soi, la mode éthique peut aider à se remettre en question avec bienveillance. Interpeller notre rapport personnel à la consommation et ses conséquences…
Le monde de la mode illustre tellement tout ce qui ne va pas dans le monde aujourd’hui (dérives sociales, esclavages, conditions de travail inhumaines, pollution à grande échelle de l’eau, des terres agricoles , de l’humain ..) que s’interroger sur notre rapport à la consommation oblige à s’interroger sur ces dérives, et sur nos choix de vie par rapport à elles. Je confectionnerai des pièces qui durent dont la cliente aura envie de prendre soin.

Pourquoi avoir choisi le lin comme fibre dans la fabrication de votre collection ?
Ma marque essaie de s’inscrire dans une démarche éco responsable. Pour cela, on a choisi des critères pour avancer vers moins de pollution dans l’histoire même du vêtement. Nos fringues ont une histoire humaine éthique et inspirée.
L’objectif est de développer une chaîne de production saine pour celles qui fabriquent le vêtement et pour celles qui vont le porter. Le choix de la matière est un premier critère très important car il détermine l’histoire de fabrication, l’entretien et la fin de vie du vêtement.
Le choix du lin a été quasi immédiat. Le lin est une matière naturelle, cultivée humainement, sans pesticide. Une culture française qui a une longue histoire à transmettre. Le lin a énormément de qualités. Il est hypoallergénique, anti transpirant très bon pour les peaux fragilisées, doux, souple. La fibre est légère et solide à la fois et elle est 2 fois plus résistante que la fibre de coton.
Le lin est recyclable, en toute fin de vie il retourne à la terre dont il est issu. Lors de son entretien (lavage et eau de lavage), le lin ne pollue pas les eaux usées de l’endroit où la personne vit. Hyper important pour moi ! D’où mon choix de travailler cette matière même si elle est à 8000 kms de mon lieu de résidence (je suis guyanaise). Le jersey de lin s’adapte à tous les climats. Pas seulement quand il fait très chaud ! Sous un pull en hiver il est bon aussi. Le choix de la matière est aussi pour ça. Ma clientèle sera aussi bien en métropole qu’en Guyane.
« 2 voire 3 modèles par trimestre »
Le must c’est que les racines de la plante fixent le CO2 dans la terre ! 1 hectare de lin retient en moyenne 3,7 tonnes de CO 2 par an.
On a choisi de travailler de la maille de lin (tricotée et non tissée) labellisée qui garantit que la transformation de la matière est exclusivement réalisée en Europe. La confection est réalisée au Portugal dans un petit atelier spécialisé dans la confection de la maille.
« Consommer moins mais mieux »
Nous produirons de la petite série pour 2/3 modèles par trimestre. Pour l’instant nous nous concentrons sur des hauts pour femmes.
Le respect du produit et du travail des artisans qui le développe a un coût. La maille de lin est une matière d’exception mais les coûts supplémentaires ne sont pas énormes car nous avons beaucoup réfléchi à notre modèle économique.
La précommande permet d’éviter la su- production et d’éviter de trop investir en amont.
Vous allez donc vendre des vêtements sans étiquette et mettre l’accent sur le choix des tissus pour qu’ils soient faciles à enfiler et ultra confortable. Vos couturière et styliste travaillent t-elles avec vous en Guyane ?
Mon fils aîné a une myopathie de Duchenne et j’ai fait le choix il y a quelques années d’arrêter mon emploi de psychologue pour être à la maison avec sa sœur et lui. Être créatrice est une reconversion qui me permet de travailler de la maison sans frontières. Ça me donne la liberté de choisir mes partenaires en fonction de leur domaine de compétences.
La maille nécessite un certain savoir- faire. Je travaille avec une styliste en free- lance qui est à Lyon et je travaillais jusqu’à il y a peu avec une graphiste en free-lance d’origine brésilienne qui vit en Bretagne. Ce brassage culturel est très frais et correspond aussi à ma manière de voir le monde 🙂
Une collaboration va naître avec Bien à Porter pour adapter les vêtements aux pathologies. L’expertise de Bien à Porter va vous aider. Que pensez-vous aujourd’hui de la mode inclusive ?
Oui, Bien à Porter est une très jolie exception dans l’univers de la mode !! Parce que je pense que la mode dans sa représentation globale et sociétale n’est pas du tout inclusive. Elle est structurellement excluante. Je travaille sur la prochaine pièce qui sera soumise à l’expertise de Bien à Porter par rapport au cancer du sein. Des détails sont pensés avec ma styliste en ce sens mais nous sommes en phase de dessin pour l’instant.
Il y a des initiatives mais le chemin est encore très long pour transformer la conscience collective. En ce qui concerne la représentation de la diversité des morphologies féminines ça commence. D’ailleurs j’avais l’impression à un moment que parler de mode inclusive impliquait exclusivement le problème de tailles… Mais une mode stylée, désirable, qui pense à habiller un corps qui a un handicap, une maladie chronique, qui n’est pas blanc, pas forcément jeune… Il y a beaucoup d’étiquettes, de préjugés et de représentations qui doivent évoluer.
Tout est à venir et c’est assez réjouissant d’être à l’époque des possibles… Si chacun à son niveau essaie de faire ce qu’il peut dans sa propre zone d’influence, ça peut modifier tout l’ensemble !!