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Aaron Rose Philip : portrait d’un mannequin qui transgresse les codes

À seulement 20 ans, Aaron Rose Philip s’est imposée comme l’une des figures du mouvement pour les droits des personnes transgenres outre Atlantique. Inclassable tant elle représente de causes à la fois, chacune de ses séances photo et prises de paroles sur les réseaux sociaux sont des pieds de nez au racisme, au validisme et à la transphobie.

Une histoire de mode

Depuis toujours passionnée de mode, elle est d’abord repérée par le magazine i-D en 2018. Son profil « atypique » tape alors dans l’œil de la célèbre agence de mannequinat Elite, qui la signe rapidement. Malgré quelques shootings ici et là, Aaron Rose n’est pas satisfaite des contrats qu’on lui propose et décide de changer de management, passant alors à l’agence Community, qui représente d’ores et déjà des personnalités trans telles que Hunter Schaffer. Depuis, rien ne l’arrête.

Elle a notamment été l’ambassadrice de la collection Automne-Hiver 2020 de la célèbre marque italienne Moschino. Grimée en une version actuelle – et streetwear – de Marie Antoinette, elle trônait fièrement sur son fauteuil. Les clichés ont d’ailleurs suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, d’abord pour leur beauté, mais aussi pour ce qu’ils disent de l’industrie de la mode… C’est encore aujourd’hui assez exceptionnel que les personnes en situation de handicap soient plébiscitées par des marques, et ce encore plus lorsqu’il s’agit de maisons aussi populaires et prestigieuses. 

S’en sont suivi des shootings pour la marque londonienne Burberry et la ligne de lingerie Calvin Klein, à l’occasion du mois des fiertés LGBTQiA+. Aaron Rose Philip fait d’ailleurs les couvertures de plusieurs magazines à l’occasion de ce mois de juin : V Magazine, Metal Magazine… rappelant qu’elle a elle aussi le droit d’exister dans les espaces publique et médiatique !

Tous droits réservés : V Magazine.
Aaron Rose Philip photographiée par Rowan Papier pour V Magazine.

Le symbole d’une jeunesse libérée ?

Il n’a pourtant pas été facile pour Aaron Rose Philip d’en arriver là. Lorsqu’elle a commencé à se faire connaître, après avoir vécu pendant quelques années dans la rue, elle a rapidement dû faire face au cyberharcèlement. Elle est encore aujourd’hui très souvent confrontée à des attaques et insultes sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, et n’hésite pas à faire de la prévention sur le sujet auprès de sa communauté. 

En tant que jeune femme noire, trans et en situation de handicap, sa simple existence dérange et les haters n’oublient pas de lui rappeler. À la fois critiquée pour son genre, son appartenance à la communauté LGBTQiA+, sa couleur de peau et ses aptitudes physiques, elle fait face à une convergence de discriminations : l’intersectionnalité. Ce concept, développé par la juriste américaine Kimberlé Williams Crenshaw en 1989, désigne le fait qu’une personne affronte différentes sources de dominations combinées entre elles, lui portant alors préjudice. Kimberlé Williams Crenshaw étant une femme noire, elle était donc confrontée au racisme et à la misogynie. Apposant le concept de l’intersectionnalisme à Aaron Rose Philip, elle fait face à la mysoginie, la transphobie, le racisme et le validisme. Mais pas question pour elle de se laisser faire et d’être considérée comme une victime, bien au contraire ! Entre résistence, bienveillance et liberté, elle est une source d’inspiration pour toutes personnes subissant des préjugés.

Humaniste, pas activiste

Bien que le terme « activisme » semble particulièrement en vogue, et que de plus en plus de marques tendent à mettre en scène chacune de leurs « bonnes actions » afin de gagner en popularité (quitte à donner dans l’activisme performatif ou le tokénisme), Aaron Rose Philip est dans une toute autre démarche. Partage-t-elle des cagnottes pour aider la jeunesse LGBTQiA+ américaine ? Oui. Prend-elle la parole sur de nombreux sujets via ses réseaux sociaux pour éduquer ses followers ? Également. Se bat-elle pour que les femmes transgenres de couleur gagnent en visibilité au sein des industries créatives, et notamment de l’industrie de la mode ? Assurément. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle se définit comme « activiste ». 

Si elle vient en aide à sa communauté, prend position et défend les causes qui lui sont chères, c’est simplement parce qu’elle veut faire le bien autour d’elle et partager un maximum d’ondes positives. En ne demandant ni reconnaissance ni remerciements, elle nous offre en réalité une grande leçon d’humanité et d’humilité. 

Et si, nous aussi, nous faisions le bien autour de nous ? Soyons bienveillants les uns et unes envers les autres, aidons les personnes qui nous sont chères, engageons-nous pour les causes qui nous touchent et ignorons les diktats que la société tend à nous imposer !

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