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S’habiller pendant la grossesse, une problématique (trop) récente !

En concevant des vêtements pour le plus grand nombre, l’industrie du prêt-à-porter a toujours, de fait, laissé à la marge la clientèle aux besoins vestimentaires particuliers. On pense, bien sûr, aux personnes dont le handicap ou la pathologie pose des contraintes morphologiques ou fonctionnelles, et qui éprouvent des difficultés à enfiler ou porter confortablement ces vêtements formatés sur un corps virtuel et un mannequin de bois. Mais on oublie qu’il n’y a pas si longtemps encore, trouver simplement un vêtement pouvant convenir aux femmes enceintes relevait du défi. Retour sur l’histoire de l’habillement du ventre arrondi !

Au XXème siècle, le ventre devait être caché. Aujourd’hui, les femmes enceintes sont plutôt à l’aise dans leurs vêtements, et le choix de pièces adaptées à la grossesse s’élargit. Mais toutes les époques et leurs mouvements de mode n’ont pas toujours été aussi conciliantes avec les futures mamans.

Au XIXème siècle, les femmes cousaient elles-mêmes leurs propres vêtements sur mesure, ou faisaient appel à des couturières. Le sur-mesure ne rendait pas pour autant le vêtement plus confortable : rappelons que les canons de la mode de l’époque imposaient aux femmes enceintes de porter des corsets, et ce n’était, on s’en doute, pas agréable.

Dans les années 1790, la première femme de Napoléon, Joséphine de Beauharnais,  popularise ce qu’on appelle la “robe style Empire”. Sa caractéristique est que le corset se termine juste en dessous du buste, faisant une de taille haute, et la jupe longue plissée et ample permet à la silhouette d’être en forme de poire, ce qui est particulièrement apprécié pour libérer le ventre et même masquer la rondeur, comme c’était de bon ton à l’époque. Cette robe mettait en valeur le buste.

A partir des années 1960, des méthodes de fabrication industrielle de prêt-à-porter s’inspirent notamment des uniformes militaires pour proposer des collections pour tous, pour tous les budgets. En voulant « démocratiser » le vêtement et permettre à chacun de suivre la mode, cette industrie a cependant standardisé les modèles de corps auxquels elle s’adresse. Les corps sortant des normes très formatées de cette industrie ont été oubliés ou mis de côté. Aujourd’hui encore, s’habiller n’est pas si simple pour tout le monde, même si le prêt-à-porter comprend de mieux en mieux que la diversité représente aussi un marché. Le choix des tailles très restreint chez nos plus grandes enseignes en sont certainement la meilleure illustration.

Vêtement de grossesse : un tournant dans les années 50

À partir des années 50, la commercialisation de vêtements de futures mamans débute. On voit apparaître Natalys, marque créé en 1953 à Paris qui est spécialisé dans la création de vêtements de grossesse encore aujourd’hui. D’autres marques lui ont emboité le pas, et l’on trouve aujourd’hui des vêtements pour futures mamans dans toutes les gammes de prix, jusque chez certaines grandes chaines de magasins comme H&M ou Kiabi. Les marques qui veulent créer une proximité avec leurs clientes se sont mises à penser aux différentes étapes de leur vie. Rappelons toutefois que ces vêtements n’existent que depuis quelques décennies !

Le vêtement pour le corps vieillissant et moins mobile, pour le corps moins valide, pour celui qui est douloureux ou qui doit rester assis mettra-t-il, lui aussi tout ce temps pour être pris en compte par l’industrie de l’habillement ? Plusieurs millions de personnes en France ont encore aujourd’hui des difficultés à trouver des vêtements qu’ils pourront enfiler et porter facilement et confortablement. Même si certaines marques se distinguent par une volonté de « mieux faire », les initiatives restent marginales et les standards de la mode sont toujours très excluants. Nous le savons tous : l’habillement est un passeport dans notre société, et la façon dont on est habillé nous assigne à une certaine place sociale. L’industrie de la mode a donc une véritable responsabilité sociale à exercer pour l’inclusion de tous. On compte sur elle, et on refait un point… dans quelques années !

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