
Un mannequin-robot inclusif signé Euveka
Créée en 2011 par Audrey-Laure Bergenthal, Euveka part d’un constat simple : les modélistes travaillent encore aujourd’hui sur des mannequins en bois qui ne reflètent pas la diversité des corps humains. Alors que l’on entend de plus en plus parler d’inclusion, et si la révolution de l’habillement venait de sa conception ?
C’est en créant un nouvel outil un brin futuriste que la start-up française transforme la façon de penser le vêtement : un « mannequin-robot évolutif et connecté », nommé Eminéo. Accompagné de son logiciel intuitif et collaboratif Miméo, ce mannequin d’un nouveau genre reproduit une infinité de morphologies allant des tailles 36 à 46. Bien que conçu pour reproduire des morphologies du corps féminin, il est également capable d’en reproduire des masculines. L’objectif ? Faire matcher le vêtement aux vraies morphologies de la clientèle en les prenant en compte dès la production.
Certaines marques telles que Adidas, Chanel, Etam ou Nike font d’ores et déjà appel à cette prouesse technologique Made in Rhône-Alpes. L’outil s’avère tout aussi utile pour les maisons de Haute Couture que pour les acteurs de la fast fashion. Le mannequin-robot permet par exemple un gain de temps considérable pour la conception de vêtements issus de Haute Couture, qui nécessitent d’être parfaitement ajustés. À l’inverse, il peut également offrir une expérience shopping personnalisée aux consommateurs et consommatrices de fast fashion. Notamment sur le e-commerce, puisqu’il permet de vérifier que le vêtement matche au corps de la consommatrice avant même qu’elle ne passe commande et ne l’essaie chez elle.
Engagé pour l’inclusivité… et la planète !
Au delà d’une plus grande inclusivité et prise en compte des corps dans l’industrie de la mode, Euveka permettrait de réduire son empreinte écologique en influant sur la production et la commercialisation.
En effet, les professionnels de l’habillement faisant appel à Euveka sont assurés de créer des vêtements bien taillés plus facilement et rapidement que les autres. Ce qui signifie moins de gaspillage textile lors de la conception du vêtement, et un gain de productivité énorme sur la production (Euveka avance un chiffre de 70% sur son compte Instagram).
Ils pourront également montrer à leur clientèle comment rend tel ou tel produit sur différentes morphologies – et ce autant en boutique physique, que sur un site ou une appli de shopping. En ciblant plus efficacement des types de consommateurs, le secteur mode pourrait éviter de nombreux invendus et retours de produits, qui ont des effets catastrophiques sur l’environnement (notamment avec l’essor du e-commerce).
En plus de l’industrie de la mode, certains acteurs du Sport et de la Santé s’intéressent également à Euveka. Pas étonnant : la technologie, lauréate de nombreux prix comme l’ANDAM Fashion Award, est plébiscitée par l’État français. Les Pouvoirs publics subventionnent jusqu’à 40% du coût du dispositif pour inciter à la relance des industries textiles, alors que celles-ci n’auront bientôt plus le droit de jeter leurs invendus. Conscientes du potentiel des mannequins-robots signés Euveka, certaines écoles se sont équipées du dispositif, formant la future génération de créatifs à l’inclusivité et à une conception plus eco-friendly de la mode.
Une source d’espoir pour les publics ayant des difficultés à se vêtir ?
Interrogée sur la question, l’équipe d’Euveka nous confirme travailler à l’élaboration de nouvelles parties du corps, telles que les jambes. Les bras, adaptables de la taille S à L, seront prochainement livrés à leurs clients. Bien que l’entreprise se développe petit à petit pour refléter le corps entier (des demandes ont notamment été faites pour des prothèses de pieds), à Bien à Porter, nous imaginons ce qu’Euveka peut apporter aux corps « différents »… Aux personnes « grandes tailles », aux patientes ayant eu une mastectomie, aux personnes de petites tailles, notamment atteintes d’achondroplasie…