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Andy in the City – 2ème partie: Mode et handicap

Armelle tient un blog,  Andy in the City, sur lequel elle parle de handicap au féminin. Elle est elle même en situation de handicap, et a lancé ce blog en 2018. On vous en parlait déjà dans un précédent article.

Pour Armelle, “dans tous les sujets qu’on traite au quotidien, il faudrait qu’il y ait un aspect handicap.” Et pour les personnes en situation de handicap elle souhaite qu’il soit possible de “trouver son style, et pas forcément choisir des vêtements parce qu’on a un handicap mais choisir des vêtements parce qu’on a envie de les porter.”

Au début du confinement, j’ai téléphoné à Armelle du blog Andy in the City. Elle m’a apprit plein de choses le handicap et les femmes, que vous pouvez retrouver ici (mettre lien de la partie 1), mais nous avons aussi parlé d’habillement, de son rapport à la mode, de ses difficultés et des progrès de celle-ci.

Sarah: Comment se passe l’habillement avec un  Spina Bifida Myéloméningocèle?

Armelle: “Je vais parler à titre personnel car quelqu’un d’autre qui a la même pathologie que moi ça ne va pas forcément être la même chose.”

“Je m’habille dans les enseignes classiques, mais comme je suis susceptible de faire des trajets en fauteuil roulant, je fais attention à ne pas avoir de pantalon trop serré. Même quand je ne suis pas en fauteuil roulant je suis souvent assise donc j’essaye de prendre des choses assez amples, tout en restant féminine, en essayant de faire au mieux. Je ne prends pas des choses trop fragiles. Ce n’est pas forcément au niveau de l’habillement des grosses grosses contraintes, à part le fait de ne pas prendre de vêtements serrés.” 

“Il faut aussi que ce soit pratique, qu’il n’y ai pas trop de boutons. Comme on ne peut pas forcément se tourner correctement, on n’a pas forcément la même mobilité que n’importe qui du coup quand il y a des fermetures dans le dos c’est pas très évident, ou quand il y a trop de boutons au niveau des jeans aussi, pour aller aux toilettes par exemple. Mais je n’ai pas trop trop de difficultés à m’habiller, ou alors c’est parce que j’y suis habituée donc je ne sélectionne que des habits que je vais pouvoir mettre. Donc je ne prends pas trop de risque dans le choix de mes vêtements, je vais toujours sur des jeans.”

Armelle par Florent Havard

Sarah: Et sur le plan esthétique? 

Armelle: “Par rapport aux robes, j’ai 30 ans et ça ne fait que quelques années que j’en mets parce que j’ai des orthèses, des appareils de marche, et ça peut être visible. C’est vrai que j’avais du mal avec ça et du coup avec les robes. Je mettais des robes vraiment très rarement ou alors des robes longues. Après c’est pour moi, je sais qu’il y en a que ça ne va pas du tout gêner de les montrer et ils ont raison. Mais moi c’est vrai que pour les robes je ne suis pas forcément très à l’aise.

C’est plutôt ce qui va concerner le bas du corps parce que le haut du corps finalement je fais moins attention, je ne suis pas trop gênée.” 

La même question se pose sur les cicatrices, qu’elle préfère garder couvertes également.

Armelle par Florent Havard

Sarah: Qu’en est-il de l’accessibilité des magasins?

Armelle: “Au niveau des séances shopping, ce qui va compter d’abord c’est l’accessibilité du magasin parce qu’il y en a beaucoup qui ne sont pas accessibles. Donc quand on a un peu l’habitude on va toujours sur les mêmes enseignes. Au niveau de l’essayage, j’ai l’impression que ça change un petit peu mais les cabines d’essayage PMR sont souvent encombrées par les colis ou par les stocks, ça nous freine un peu. J’ai l’impression que c’est moins le cas maintenant mais du coup des fois j’essaye chez moi, pour plus de confort. C’est vrai que les cabines ne sont pas toujours grandes. Pour l’essayage en lui-même je me débrouille.”

“Je ne fais pas beaucoup de shopping parce que justement ça me prend quand même pas mal de temps et d’énergie. Le matin aussi, s’habiller me prend de l’énergie même si ça n’a l’air de rien pour les personnes qui ne sont pas concernées. C’est vrai que déjà le matin ça me prend du temps et de l’énergie de me préparer. Donc essayer un jeans pour se rendre compte que ça ne nous va pas, ou essayer trois jeans ça prend un peu de temps. Souvent j’y vais seule comme ça je prends mon temps et je ne suis pas stressée car la personne attend en dehors de la cabine. Si vraiment j’ai besoin pour une taille ou quelque chose comme ça je peux appeler le vendeur évidemment mais je me débrouille seule. Je sais ce qui peut m’aller ou pas. Des fois il y a un modèle qui va me plaire mais je sais que je ne vais pas pouvoir le mettre.”

Sarah:. Que peuvent faire les enseignes pour rendre la mode plus inclusive, et donc l’habillement plus plaisant et moins fatiguant?

Armelle: “Rencontrer les personnes qui sont concernées par le handicap et par les difficultés d’habillement, peut-être qu’elles le font, je ne connais pas trop. Se rapprocher de ces gens-là, se rapprocher des associations, voir quels sont leurs besoins, et faire des vêtements à la fois confortables, jolis, féminins. […] Mais ça c’est valable pour tout, écouter les personnes et leurs besoins et ne pas décider à leur place sans les avoir consultées. Dans les rayons, identifier ces vêtements-là, peut-être pas faire un rayon spécial mais quand c’est ergonomique et facile, peut-être faire un code couleur ou une étiquette parmi les autres vêtements.”

Sarah: L’habillement peut-il faire parti du parcours de soin?

Armelle: “Bien sûr, ça dépend ce qu’on entend par parcours de soin mais c’est très important de se sentir bien dans ses vêtements, de se sentir élégante, jolie, et un vêtement, ça habille, par la couleur, par les motifs, par la forme donc mettre n’importe quoi ça va forcément se voir. On a du mal à penser qu’une personne handicapée peut être jolie, féminine et bien dans ses vêtements. C’est hyper important, ça fait partie de l’image. de soi. Je parlais des chaussures tout à l’heure, quand j’ai pu avoir des chaussures adaptées et faites sur mesure par mon médecin ça m’a complètement changé ma vision de moi-même.”

Pour Armelle comme pour nous, le vêtement est quelque chose d’obligatoire que l’on ne peut pas ignorer, handicap ou pas, et qui peut jouer un grand rôle dans l’image de soi. Il s’agit de “trouver son style, et pas forcément choisir des vêtements parce qu’on a un handicap mais choisir des vêtements parce qu’on a envie de les porter.” Sur son blog, que l’on vous invite vivement à visiter, on trouve d’ailleurs de nombreux articles en rapport avec le monde de la mode, du bijou ou du vêtement.

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