Interview : Amandine, ambassadrice shopping du Bien à Porter
Amandine, alias l’auteure du blog Capucinebionique dont nous vous avons déjà parlé, a rejoint la communauté des ambassadeurs Bien à Porter. Elle a accepté de nous parler de son rapport à la mode et de nous expliquer pourquoi elle a décidé de s’inscrire sur notre réseau social.
Cover Dressing : Salut Amandine ! Alors présente-toi, qui es tu ?
Bonjour et merci pour l’interview ! Je m’appelle Amandine – et non pas Capucine comme pourrait le suggérer le nom de mon blog – j’ai 28 ans et je vis à Metz. Depuis que j’ai 15 ans, j’évolue dans le milieu de la fleur, et j’adore mon travail. Depuis mon accident, j’ai retrouvé un mi-temps thérapeutique où je suis très épanouie. Sinon, je suis mariée ! A part ça, je suis une grande curieuse dans l’âme, j’aime bien découvrir de nouveaux sports. Avant l’accident, je devais faire mon 10km mais tu te doutes bien que dans ces conditions c’est plus compliqué… (rires) Du coup, je vais faire un 10km en hand-bike ! Pour résumer, dès que j’ai envie de faire quelque chose, je teste, je n’attends plus le lendemain.
Et je crois savoir que ton blog, Capucinebionique, est aussi l’une de tes passions ?
A la base, c’était vraiment un outil que j’utilisais pour mes proches. Après l’accident, j’ai reçu un tsunami d’amour, pour être honnête je ne pensais pas être aussi bien entourée… Mais qui dit proches, dit qu’il fallait que je raconte toujours la même chose, et même si j’ai de la chance de les avoir, j’étais fatiguée de toujours répéter la même chose.. Alors j’ai ouvert Capucinebionique – la capucine étant une référence à mon métier et un surnom de ma grand-mère, et « bionique » pour ma prothèse de vertèbres – pour rassurer mes proches. Et petit à petit, des gens que je ne connaissais pas ont commencé à me lire… Et je trouve ça fascinant !
Tu me disais que ton accident – en janvier 2016 – avait bouleversé ton quotidien et toutes tes habitudes… Comment tu as remonté la pente ?
J’ai toujours été une battante dans la vie : avec ou sans fauteuil, il faut continuer d’aller de l’avant. J’ai beaucoup de mal avec les caractères qui se laissent aller, et il était hors de question que j’arrête tout du jour au lendemain. Et puis, être bien entourée, c’est aussi une force supplémentaire, on ne va pas se le cacher. Mais j’aime bien trop la vie pour me laisser abattre.
Comment as-tu découvert Cover-Dressing ?
En fait, j’écrivais un article pour mon blog sur l’habillement quand on est en fauteuil roulant, et en faisant des recherches sur le sujet, je suis tombée sur Bien à porter. J’ai trouvé ça super intéressant, et du coup j’en ai profité pour envoyer un petit mot à Muriel, qui m’a tout de suite répondu. Je ne m’attendais pas à une interview, mais je trouve que le projet gagne à être encore plus connu.
Et ta relation avec le shopping, comment ça se passe ?
C’est compliqué comme question… Avant, j’adorais le shopping, surtout le fait de flâner entre les rayons, de prendre mon temps, de fouiner entre les portants pour trouver LA perle rare… Mais là, comme je suis à hauteur des portants, c’est plus pareil… Et puis, flâner en fauteuil, c’est pas ce qu’il y a de plus pratique ! C’est plus fatigant, étant donné que je dois inspecter le vêtement dans toutes ses coutures… Du coup, j’achète davantage sur internet maintenant.
Qu’est ce que tu regardes en premier quand tu dois acheter un vêtement ?
Le plus compliqué, c’est pour les bas. Comme je passe ma journée en fauteuil, je dois éviter les fermetures éclairs, les poches arrières ou les boutons pressions sur les fesses, alors je dois vraiment inspecter tous les pantalons que je veux acheter. Je regarde aussi si c’est pratique à enfiler, histoire de ne pas y passer des heures, aussi bien pour les pantalons que pour les jupes. Pour les hauts, j’ai moins de soucis.
Que penses-tu de la mode adaptée ?
« Arf »… Pour être polie, sinon que ce n’est pas vraiment à mes goûts… En fait, je trouve que ça n’a aucune forme. C’est peut être très pratique, mais ce n’est pas très moderne ni très beau… Mais j’ai ma petite sœur qui se forme dans les métiers de la mode, qui a pour projet d’évoluer dans le monde de la mode adaptée, et d’y casser un peu les codes. Créer des collections pour tout le monde, et qu’une personne valide puisse se dire en voyant une personne handi avec un super top « Waouh je veux le même ! ». Quand elle aura sa marque, je serai sa fière ambassadrice ! (rires)
Et concernant les vendeurs/vendeuses, comment sont-ils avec toi ?
Il y a de tout ! (rires) J’ai rencontré beaucoup de vendeuses hyper compréhensives, qui me disaient de ne pas hésiter à les solliciter si besoin, j’en ai même une qui a retourné toute la boutique pour me trouver le manteau idéal. Mais il y a aussi le cas inverse. Je me souviens d’une fois où j’avais voulu essayer un vêtement. Très souvent, les cabines handi servent de réserve, alors j’ai osé demandé s’il y avait une autre cabine où je pouvais me changer… Le regard de la vendeuse à ce moment-là, je sentais vraiment que ça l’embêtait. Heureusement, il y a davantage de gens qui sont bienveillants, qui essayent de faire au mieux : ça n’a rien d’évident en soi, il y a tellement de handicaps différents que c’est difficile de faire du cas par cas… C’est pour ça que ça doit venir des deux côtés, et que nous, en tant qu’handi, on doit être capable de définir clairement notre besoin pour aider au mieux les vendeurs.
Quelle est la pièce préférée de ton dressing ?
Il y a beaucoup de choses que j’aime, mais je dirai une pièce que j’ai partagée sur Bien à porter, une jupe longue en jersey. Elle a la longueur parfaite, très féminine, super facile à enfiler… Elle est géniale !
Qu’est ce que tu dirais aux personnes qui hésitent à s’inscrire sur Bien à Porter, qui ont un peu peur ?
Il ne faut vraiment pas hésiter, parce que c’est un site où l’on se partage nos bons plans, aussi bien en matière d’esthétique ou de practicité que de prix, et je trouve ça juste génial. Et surtout, il ne faut pas non plus hésiter à poser avec le vêtement : on n’est pas tous des tailles mannequins, et en vrai on s’en fiche, ce qui compte c’est de voir le vêtement porté, comment il tombe, et de se dire que c’est possible d’être looké quand on est handicapé.