Interview : Aurélien, ambassadeur shopping du Bien à Porter
Le réseau social Bien à Porter lancé par Cover Dressing s’appuie une communauté d’ambassadeurs shopping et a pour ambition de rassembler les bons plans de chacun en matière de shopping. Pourquoi s’inscrire ? Aurélien nous parle de ses motivations et de son rapport à la mode.
Cover Dressing : Bonjour Aurélien ! Alors, parle nous un peu de toi, qui es-tu ?
Je m’appelle Aurélien, j’ai 31 ans et s’il y a bien une chose que j’aime dans la vie c’est la musique. J’ai fait de la guitare, de la batterie, du piano… J’ai de la chance : quand j’écoute deux trois fois une musique, je suis capable de la rejouer ensuite. C’est l’oreille musicale, c’est ça ? (rires). Oui, j’adore vraiment la musique, je peux passer des heures à en écouter sans m’ennuyer… Sinon, j’aime beaucoup de choses, comme le théâtre, surtout l’improvisation, le cinéma – je suis un grand fan d’Indiana Jones ! – et aller voir des spectacles, comme les Géants de la troupe du Royal de Luxe.
Comment as-tu découvert Cover Dressing ?
C’est ma coach de natation, Marion Valentin, qui m’en a parlé. Elle connaissait Muriel (présidente de l’association, ndlr), qui cherchait des testeurs de vêtements pour l’association. J’y suis allé par curiosité et j’ai fini par devenir bénévole : je testais 2 ou 3 vêtements de temps en temps, ça m’a bien plu. Et grâce à Muriel, j’ai été embauché.
Tu aimes le shopping ?
Pour être honnête, pas vraiment… J’avoue volontiers que je dépense plus facilement mon argent dans des CD que dans des vêtements (rires). J’y vais surtout quand c’est nécessaire… Mais depuis que je suis dans l’asso, j’y prends de plus en plus goût. L’autre jour, je me suis acheté une chemise et ça me fait du bien : l’habillement c’est aussi l’estime de soi, et ça me permet de soigner mon image.
Et ça veut dire quoi pour toi être ambassadeur shopping ?
J’aime bien l’idée que les gens en situation de handicap puissent s’habiller et suivre la mode comme Monsieur Tout le Monde. Le label porte bien son nom : c’est du bien à porter et du pour-porter pour les handis. Et puis, c’est aussi permettre aux gens de trouver des vêtements à des prix corrects. Parce que quand on a pas le loisir de s’habiller comme tout le monde, on doit y mettre le prix. Et si on ne travaille pas ou qu’on a pas la stabilité financière pour, c’est un vrai cercle vicieux… Je me sens utile dans ma mission, en analysant les vêtements et en trouvant des pièces pour tous les budgets.
C’est quoi la première chose que tu regardes en achetant un vêtement ?
(réfléchit) Je crois que c’est la matière. Il y a des sensations que je préfère sur ma peau : par exemple, j’adore le cuir, pour des vestes, des perfectos, ça me plaît beaucoup ce style un peu rebelle, comme dans les westerns (sourire). Sinon en été, j’adore le lin, c’est doux et très agréable à porter, et quand il fait chaud, on a l’impression de ne rien porter !
Que penses-tu de la mode adaptée ?
Hm, c’est une bonne chose en soi… Même si ce n’est pas spécialement à la mode, c’est bien que ça existe, ça prouve qu’il y a quand même des avancées… Mais ça manque clairement de sensibilisation, notamment dans les magasins, où l’on devrait davantage prendre en considération les besoins des personnes en situation de handicap. C’est l’objectif avec Cover : on doit se battre pour que les mentalités évoluent !
Et concernant ton handicap, est-ce que les vendeurs se montrent compréhensifs avec toi, ou au contraire peuvent-ils se montrer indélicats ?
Non, je ne dirai pas qu’ils sont indélicats ou quoi, au contraire, j’ai rarement été confronté à des comportements méchants, ou alors je ne m’en souviens pas. Le principal problème, ce sont les cabines d’essayage qui sont toujours bondées de cartons parce que les vendeuses n’ont pas spécialement le temps ni le courage de les déplacer, mais quand on est en fauteuil, on a besoin de toute la place en cabine… Heureusement, on se rend compte d’une certaine prise de conscience, notamment avec le retour des fermetures éclairs ou les bornes automatiques pour payer qui sont adaptées aux fauteuils. Mais il reste encore beaucoup, beaucoup de choses à faire…
C’est quoi la pièce préférée de ton dressing ?
Mon perfecto en cuir. Je l’adore, c’est une pièce symbolique pour moi. Il représente la rébellion, le côté révolté du rock’n roll, la liberté, la musique… En plus, ça donne tout de suite une apparence chic et bien habillée, tout en donnant un certaine carrure… Pour moi, c’est vraiment un atout charme (sourire).
Tu dirais quoi aux personnes qui hésitent à s’inscrire, qui ont un peu peur ?
Je leur dirais que c’est important de s’entraider, et que ça peut permettre à certaines personnes de retrouver le goût de s’habiller. Ensemble, on peut trouver des solutions : je ne dis pas qu’on est une solution miracle, mais on peut s’entraider, se donner des bons conseils et partager nos bons plans. Le tout c’est de ne pas perdre espoir : vous n’êtes pas seul, on est là.
Enfin, qu’est ce que tu dirais aux personnes qui ne se sentent pas très bien dans leur peau en ce moment ?
(pensif) C’est pas une question évidente… Moi même je connais des gens qui souffrent de leur handicap et qui sont vraiment malheureux… Et ça me fait mal au cœur de voir ça. Je leur dirais de s’accrocher, de garder contact avec des gens – même un ami fidèle c’est super important – et surtout de s’occuper. Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais vivre avec son handicap est un combat du quotidien, mais il ne faut pas sombrer dans la solitude, c’est le meilleur moyen de sombrer. Il faut aussi se trouver une passion, moi je sais que la musique m’aide beaucoup au quotidien. Ne rien lâcher, vous avez encore beaucoup de choses à vivre, avec ou sans handicap.