Témoignage : Céline, son fauteuil et son shopping
Dans le cadre de notre enquête sur les conditions de shopping des personnes à mobilité réduite, Celine s’est confiée à COVER sur les problèmes majeurs qu’elle rencontre en raison de sa tétraplégie. En fauteuil roulant depuis 15 ans, elle est très gênée pour s’habiller et pour faire son shopping qu’elle ne fait d’ailleurs jamais seule. Céline est parfois contrainte de se résigner à ne pas acheter certains vêtements qui lui plairaient mais qui ne sont pas appropriés à son handicap.
Cover Dressing : Quels types de vêtement sont les plus difficiles à trouver pour vous ?
Céline : Je suis tétraplégique. Les vêtements les plus difficiles à trouver sont les pantalons car ils sont souvent trop courts et la taille ne remonte pas assez au niveau du dos. Les manteaux et les gilets sont également durs à trouver car soit ils ne couvrent pas assez le dos, soit ils sont trop longs alors ils se prennent dans les roues du fauteuil. Parfois même les manteaux sont trop gros, comme les doudounes, ce qui complique le maniement des roues pour faire rouler le fauteuil correctement.
CD : Que pensez-vous des boutiques spécialisées en mode adaptée ?
Céline : Je n’achète pas dans des boutiques spécialisées. Je trouve les vêtements un peu ringards et trop chers. Je préfère avoir des vêtements à la mode, on a plus l’impression d’être habillé « comme les autres ».
CD : Trouvez-vous facilement des vêtements qui vous conviennent dans les enseignes généralistes ou les boutiques de proximité ?
Céline : Oui j’arrive à en trouver, surtout des hauts : je prends ceux qui sont assez longs et de matière fluide. Mais j’achète aussi mes vêtements par internet puisque cela m’évite de subir le regard des autres.
CD : Avez-vous déjà repéré des marques de vêtements particulièrement bien pensées pour vos besoins ?
Céline : Non, il n’y a pas de marques particulières c’est vraiment aléatoire.
CD : Quels sont, pour vous, les critères incontournables pour le confort d’un vêtement ?
Céline : Il faut que je sois à l’aise dedans, que je puisse bouger sans que le haut ne remonte dans le dos ou que le pantalon ne remonte au niveau des jambes. Il faut aussi qu’il ne soit pas trop moulant, qu’il n’y ait rien qui puisse me faire des marques au niveau de la peau.
CD : Pensez-vous que la mode contribue à l’inclusion sociale ?
Céline : Oui je pense qu’une personne habillée à la mode peut trouver un emploi plus facilement et peut mieux s’intégrer dans la vie sociale.
CD : COVER souhaite proposer une formation aux vendeurs des boutiques partenaires de notre label et de nommer des « ambassadeurs shopping » qui sauraient reconnaître, dans les boutiques, les vêtements les mieux adaptés aux personnes à mobilité réduite. Que pensez-vous de cette idée ?
Céline : C’est une bonne idée, cela permettrait aux vendeurs de nous conseiller efficacement et de connaître nos difficultés. Actuellement je n’ose pas vraiment demander conseils aux vendeurs, je considère qu’ils ne peuvent pas se mettre à ma place.
CD : Comment qualifiez-vous le niveau d’inclusion sociale aujourd’hui ? Pensez-vous que le regard des gens sur le handicap a encore besoin d’évoluer ?
Céline : On a encore du mal à penser que les personnes en situation de handicap ont envie et besoin de faire comme tout le monde. L’accessibilité des lieux est encore un énorme frein pour les personnes à mobilité réduite qui veulent sortir (faire du shopping, aller au restaurant, au cinéma, visiter des lieux touristiques et culturels…). Et il y a encore trop peu d’emplois adaptés aux personnes handicapées. Le regard des gens sur le handicap a encore besoin d’évoluer, on les sent assez mal à l’aise face à nous, même si je trouve qu’il s’est quand même bien amélioré. Il y a 15 ans, quand j’ai eu mon accident, les gens ne me regardaient pas, ils parlaient à la personne qui m’accompagnait, j’étais invisible! Mais maintenant ça a changé, on me regarde plus quand on me parle.
CD : La mode est-elle quelque chose qui vous plaît ? Quel message passeriez-vous aux dirigeants de la mode ?
Céline : Oui, la mode me plaît. Si les dirigeants adaptaient plus les vêtements on aurait plus de facilité à en trouver, on pourrait s’habiller comme tout le monde : cela nous aide à être un peu moins différents dans ce monde de valides.
CD : Que pensez-vous des défilés dits « handi-valides » ? Vont-ils, selon vous, avoir un impact sur les perceptions du handicap ?
Céline : Je trouve que c’est une très bonne idée. En mélangeant les handis et les valides, les gens prennent l’habitude de voir des personnes en situation de handicap et se rendent compte que l’on peut avoir les mêmes centres d’intérêt et les mêmes passions !