Témoignage : Trouver chaussure à son pied après un accident
Trouver chaussure à son pied ou le défi de toute une vie, surtout après un accident de la route qui a tout changé à la démarche, à l’appui, à l’équilibre. L’équipe de Cover a rencontré Karine, 48 ans, qui a été renversée par une voiture à l’âge de 14 ans.
Après de nombreuses opérations, la jambe droite de Karine garde encore aujourd’hui des séquelles qui affectent sa démarche. Elle nous raconte comment son quotidien a été bouleversé au niveau vestimentaire et notamment en ce qui concerne les chaussures. Interview.
Cover Dressing : Rencontrez-vous des difficultés pour trouver des vêtements à la fois confortables pour votre jambe et esthétiques, dans les différentes boutiques ?
Karine : Oui et en ce qui me concerne, ce sont surtout les chaussures qui posent problème. J’ai déjà des semelles orthopédiques pour pouvoir bien marcher, donc je suis obligée de porter des chaussures fermées. De plus, ces chaussures doivent respecter certains critères de confort bien précis.
CD : De ce fait, avez-vous un ou plusieurs types de chaussures que vous avez particulièrement du mal à trouver ?
Karine : Oui, par exemple, pour pouvoir porter des chaussures ouvertes, il faudrait pour que je puisse en trouver d’assez confortables pour pouvoir marcher sans mes semelles. Puisque je n’en trouve que très rarement, ça fait un moment que j’ai fait le deuil des chaussures ouvertes.
CD : Quels types de chaussure privilégiez-vous ?
Karine : Je privilégie les baskets à talons compensés. Je n’ai pratiquement que ça chez moi car je sais maintenant que c’est ce modèle qui me correspond à peu près bien. Pour travailler et marcher, je ne supporte que ce type de chaussure. Je suis assistante dentaire, un travail qui nécessite de passer énormément de temps debout : il me faut donc des chaussures adaptées à ces conditions.
CD : Sur quels critères choisissez-vous ces chaussures ?
Karine : De manière générale, on ne peut pas dire que j’ai l’embarras du choix ! Je prends donc ce que je trouve dans ce style de chaussures. Au niveau du confort, c’est assez compliqué car il faut que le talon ne soit ni trop haut, ni trop bas, pour une stabilité optimale. Ensuite, la cambrure est très importante pour le confort et pour que mes semelles ne me gênent pas. La hauteur du talon et la cambrure sont vraiment décisives. De plus, il faut absolument que la chaussure ait un petit talon car je ne peux pas marcher à plat.
Il me faut aussi absolument des lacets ou des scratchs pour que je puisse serrer ou déserrer la chaussure à ma guise. Cela me permet d’être stable dans une chaussure qui me tient la cheville et que je peux déserrer en cas de gonflement. Les matières ont également leur importance. Pour l’été par exemple, je ne peux pas mettre de chaussures ouvertes pour marcher ou travailler, j’essaye donc au moins de trouver des chaussures en toile pour que le pied respire.
Au niveau de l’esthétique, j’essaie de prendre les chaussures les plus sobres possible car je dois pouvoir aller au travail avec. Je varie si possible les couleurs (blanches, noires, marron) tout en veillant à ce que ça reste simple. Le problème c’est que souvent, ces chaussures sont destinées aux jeunes donc elles sont parfois trop fantaisie. Par conséquent, c’est souvent difficile de trouver un juste milieu entre le confort et l’esthétique…
CD : Ressentez-vous le besoin de demander de l’aide aux équipes de ventes pour votre recherche vestimentaire ? Diriez-vous que les vendeurs sont bien formés pour répondre aux attentes des personnes ayant des besoins spécifiques ?
Karine : Non, car malheureusement les équipes de vente n’y connaissent rien. Je préfère me débrouiller toute seule. En général, quand je demande de l’aide, les vendeurs me dirigent vers les rayons du fond pour personnes âgées… Autant vous dire que la modernité et l’esthétique ne sont pas au rendez-vous !
CD : Diriez-vous que votre accident/vos opérations ont beaucoup changé votre manière de vous habiller ? Pourquoi ?
Karine : Bien sûr, oui. Cela a tout changé. J’ai beaucoup moins de liberté au niveau vestimentaire. Déjà, je ne peux plus mettre de « court » : tout ce qui est au dessus du genou ce n’est pas pour moi. Et comme, je le disais, par souci de confort et pour mon travail les chaussures que je porte se limitent désormais aux baskets compensées.
Etant jeune, j’osais plus et j’avais trouvé des combines pour porter du court quand même comme les collants opaques, les bottes cuissardes etc. Il faut aussi dire que j’habitais alors dans un pays, la Turquie, où le regard des gens était moins insistant, moins stigmatisant et moins teinté de jugement qu’en France.
CD : Quelles marques conseilleriez-vous aux personnes qui ont les mêmes problèmes que vous lors de leur shopping et pourquoi ?
Karine : Oui, je peux tout de même conseiller plusieurs marques. Il y a d’abord la marque Geox qui propose des produits esthétiques, différents de ce qu’on trouve ailleurs et toujours de bonne qualité. Les chaussures sont confortables et me conviennent souvent même si le prix est un peu élevé. Mais c’est justifié : le rapport qualité/prix est bon. Par contre, on ne trouve pas cette marque partout et c’est dommage. Creeks fait aussi des chaussures sympa et au look sport chic ; c’est une marque que je trouve plus facilement là où j’habite. Je conseille aussi la marque Ixoo pour les chaussures ouvertes : très confortables. Cette marque me permet de porter des chaussures ouvertes l’été, certes pas toute la journée mais je les supporte plutôt bien. Pour finir, les baskets en toile de la marque G One de Gémo sont aussi très pratiques pour travailler.
CD : Que pensez-vous de notre projet de Label « Bien à porter »? Pourrait-il améliorer/optimiser votre shopping ?
Karine : C’est une super idée. Un label qui indiquerait que dans telle ou telle boutique, je vais probablement trouver mon bonheur, ça m’intéresse vraiment. Ça représenterait un véritable gain de temps. Ainsi, je pourrais trouver des produits confortables et modernes sans que ce soit de la mode adaptée.
CD : Avez-vous des suggestions pour améliorer la visibilité des vêtements pouvant convenir aux personnes en situation de handicap ou ayant des besoins spécifiques?
Karine : Ce label devrait être visible sur les portes, avant même d’entrer dans le magasin qui aurait des articles « Bien à porter ». Ensuite dès l’entrée en magasin, il faudrait que les vêtements/chaussures soient très visibles grâce à un logo moderne, attrayant et parlant pour tous. Je pense qu’il faut absolument éviter tous les codes qui renvoient à la mode adaptée et au secteur médical. Il est important que le label soit avant tout rattaché à une notion de confort renforcé afin de s’adresser à tous les profils allant de la personne à besoins spécifiques jusqu’à la personne à mobilité réduite.
L’erreur à éviter serait de regrouper les articles dans un seul endroit car, pour moi, cela va à l’encontre même du principe d’inclusion. Il y a donc un véritable travail à faire avec les marques et les boutiques pour la disposition, la mise en rayon, pour que cela reste visible, accessible et attrayant pour tous sans qu’il y ait de mise à l’écart. J’encourage vraiment l’association COVER à continuer dans ses démarches et à développer son projet de label très intéressant et ambitieux.
Photos : Sacha Uslu
tout d’abord bonjour a tous le staff de coverdressing , je voudrais apportez mon point de vu tous a fait personnelle : je crois que le probléme du pret a portez ne touche pas que les PMR ou avec un leger handicap mais qu’il touche tous le monde !