Lucie Carrasco est l’héroïne du documentaire « Lucie à la conquête de l’Ouest », qui sera diffusé ce 8 mars. Il suit le road-trip rock’n’roll de la jeune styliste en fauteuil roulant à travers les Etats-Unis . Interview.
Cover Dressing : Pourriez-vous raconter brièvement les grandes lignes de votre parcours professionnel ?
Lucie Carrasco : Depuis ma plus tendre enfance je dessine des personnages et j’ai toujours mis en avant les vêtements. Je devais avoir 2 ou 3 ans quand j’ai commencé à dessiner. Ma mère qui est une très belle femme m’a beaucoup inspirée. J’étais souvent malade étant petite et la mode fut pour moi une échappatoire. J’admirais l’univers des Miss France, mais aussi les robes que je voyais portées par les stars lors des Oscars ou du Festival de Cannes.
Lorsque j’ai voulu faire des études de stylisme, aucune école n’a voulu de moi. Mon handicap leur a fait peur. Je ne me suis pas découragée et j’ai appris en autodidacte. Aujourd’hui, je suis contente d’avoir le soutien de personnes telles que Noémie Lenoir et de voir qu’Éva Longoria ou Shakira apprécient mes créations.
C.D : Nous connaissons votre talent de créatrice. Nous avons pu remarquer que la question du handicap ne tient pas de place particulière dans vos propos. Est-ce un choix de votre part ?
L.C : Je ne suis pas particulièrement militante par rapport au handicap. Je m’implique dans différentes causes mais qui n’ont pas forcément de rapport avec le handicap. Handicap ou non, ce qui est le plus important est que la personne puisse s’exprimer dans son univers artistique.
C.D : Y a-t-il un côté « élitiste » en France, qui se proclame patrie de la mode ? Est-ce que cet élitisme a un impact sur ce qu’est la mode en France, la confine dans un univers fermé ?
L.C : La mode en France est un univers fermé, c’est certain. On met les gens dans des cases. On est étriqué.
C.D : A votre avis, le mot « handicap » est-il « occultant », en ce sens qu’il prend le pas sur toutes les autres informations dès qu’il est cité ?
L.C : En France, oui. Il y a souvent un problème de crédibilité en France pour une personne en situation de handicap. Mais il faut justement lutter contre ça en allant de l’avant. J’ai dû me battre pour obtenir ce que je voulais.
C.D : Que pensez-vous de la mode adaptée, de son esthétique comme de son concept ? Lui reconnaissez-vous une utilité ?
L.C : Je ne m’habille pas avec de la mode adaptée. C’est souvent triste au niveau du style. J’achète des vêtements non adaptés que je peux mettre de manière particulière. Par exemple mettre en pull à l’envers. Handicap ou non, il faut que la mode reste dans un univers de glamour, de beauté. Il faut que ça fasse rêver.
C.D : La mode est créée pour des corps-types, qui sont ceux des mannequins d’aujourd’hui. En tant que créatrice, pensez-vous que ce soit une nécessité ? Faut-il, dans votre profession, focaliser sur ce type de corps pour atteindre la « transcendance créative » ? Ou au contraire, la diversité des corps peut-elle être source de créativité ?
L.C : Un mannequin doit avant tout faire rêver. C’est la personnalité qui est la plus importante. Il m’est arrivé de faire défiler un mannequin faisant une taille 40 ou un autre faisant 1,55 m. J’aime les femmes qui ont de jolies formes voluptueuses mais une fille filiforme peut aussi être très belle.
C.D : Selon votre point de vue, que recherchent les créateurs qui choisissent de présenter leur collection avec un, ou des, mannequins en situation de handicap ? Quelle est leur intention ? Si vous deviez le faire aussi, vous-même, un jour, quel sens donneriez-vous à cette démarche ?
L.C : Je trouve cette démarche de faire travailler un mannequin en situation de handicap très intéressante. Je pourrais faire défiler un mannequin en situation de handicap mais le handicap ne sera jamais mon critère premier. Si demain je tombe sur une petite perle handicapée, je peux la faire défiler. Il faudra avant tout que ce soit une jolie personne.
C.D : Pourquoi être partie aux USA ? Ce changement de pays vous a-t-il permis une carrière que vous n’auriez pas pu avoir en France ? Quelles sont les différences au niveau de la perception du handicap et en terme d’accessibilité ?
L.C : Aux USA, j’ai pu faire un défilé beaucoup plus facilement qu’en France. Le handicap n’est pas un tabou. Une personne en situation de handicap n’est pas disqualifiée. J’ai passé 15 ans à me battre en France. Aux États-Unis, les personnes voient les compétences avant le handicap. Si on a un projet solide, on peut aller de l’avant. En matière d’intégration et d’accessibilité, tout reste plus difficile en France.
Cover Dressing : Le documentaire « Lucie à la conquête de l’Ouest » revient en images sur votre road-trip aux Etats-Unis. Comment s’est décidé ce projet ? Et comment s’est passée la collaboration avec l’équipe ? Quelles sont (sans spoiler), les étapes et anecdotes de votre voyage que vous avez le plus hâte de retrouver à l’écran ?
Lucie Carrasco : Il y a quatre ans, je suis allée voir Jérémy Michalak pour lui proposer de me suivre durant road-trip aux États-Unis. J’ai toujours été passionnée par les États-Unis. Jérémy Michalak porte donc ce projet depuis maintenant 4 ans. Avec l’équipe, nous sommes devenus une bande d’amis. Pendant ce voyage j’ai vécu des moments exceptionnels. Mon arrivée à New York et me retrouver devant la Statue de la Liberté a été un grand moment. Aller à Los Angeles a également été fantastique car cette ville m’a toujours fait rêver. Il y a aussi eu le fait de voler et de passer au-dessus des alligators. J’ai découvert des sensations physiques que je ne connaissais pas car je n’ai jamais pu faire de sport.
bonjour a toute l’équipe de coverdressing … je crois que June Tv est sur le reseau cablé ou le satellite , et donc je ne peut pas voir ce programme , je suis grrrrr !!! .. je connait lucie pour l’avoir vue dans plusieur reportages , et j’aurai vraiment apprécié de la voir danc ce périple au état- Unie .. dommage !