Chronique ciné de Circé : le téléfilm Hawking
Moins connu que La merveilleuse histoire du temps, le téléfilm Hawking dans lequel le physicien est incarné par Benedict Cumberbatch, n’en est pas moins « must see » pour qui veut découvrir les différentes facettes du brillantissime Stephen Hawking.
Pour ceux qui s’en souviennent, j’ai écrit il y a quelques temps une chronique sur La merveilleuse histoire du temps qui raconte l’histoire du physicien Stephen Hawking, atteint d’une sclérose latérale amyotrophique. J’avais abordé l’existence d’un autre film contant la même histoire et réalisé quelques années auparavant. Il y a effectivement eu, en 2013, un documentaire Hawking réalisé par Stephen Finnigan mais il y a aussi eu un téléfilm du même nom (2004) réalisé par Philip Martin. Les grands hommes font toujours couler beaucoup d’encre !
Même histoire et pourtant…
On est en droit de se dire qu’une chronique sur un téléfilm parlant d’un sujet qui a donné lieu à un autre film est un peu inutile : il parle de la même chose, aborde lui aussi les découvertes de ce physicien hors pair, l’évolution de sa maladie, sa manière de la vivre. Et pourtant, un film même télévisuel a de la valeur et ces deux oeuvres demeurent très différentes. Hawking précède d’ailleurs La merveilleuse histoire du temps de presque dix ans. Le téléfilm et son acteur principal, Benedict Cumberbatch, ont été nommés et récompensés dans plusieurs compétitions.
Il est évident que ce film est plus dur à regarder que La merveilleuse histoire du temps : il ne s’agit plus du point de vue de la femme du scientifique. Ce n’est pas une histoire d’amour. Il raconte beaucoup plus ce que l’on peut penser être la réalité de la vie de Stephen Hawking, dans ses années d’études et ses premières années de maladie.
Traitement de la maladie
Lors de mon premier article, j’ai dit que La merveilleuse histoire du temps parlait de beaucoup de choses, mais en les effleurant seulement, sans aller au fond d’aucun sujet (la découverte scientifique, la maladie, etc…). Ici, le réalisateur n’aborde pas la vie amoureuse de Steven (ou très peu) et parle peu de ses amis. Par contre, il aborde avec conviction les sujets de la maladie et de la découverte scientifique.
Il n’y a aucune douceur dans la manière dont est abordé l’aspect médical. La scène de la ponction lombaire a de quoi donner des frissons à toute personne l’ayant vécue elle-même. La découverte du diagnostic ferait également paraître ce que l’on fait aujourd’hui pour de doux événements : il est annoncé par le médecin dans un couloir, avant que celui-ci ne parte vers d’autres patients. La scène où les médecins apprennent à Stephen Hawking qu’il n’y a plus d’espoir est effrayante. Mais ce qui donne au film un côté très réaliste, c’est aussi et surtout la réaction de ses proches.
Une volonté de fer
Il y a cette scène où l’on voit son frère demander à un professeur de lui trouver un thème facile à traiter, pour que Stephen ait le temps d’y consacrer son doctorat (comprendre : avant sa mort). Bien-sûr, le professeur refuse mais derrière un acte qui peut passer pour de la pitié, on voit aussi un geste d’amour d’une personne qui souffre du diagnostic, impossible à concevoir, de quelqu’un qu’il aime.
Comme je l’expliquais lors de ma première chronique, dans La merveilleuse histoire du temps, on pouvait se demander si la maladie avait été à l’origine du génie de Stephen Hawking – ou, en tout cas, de son acharnement au travail. On voit dans ce film à quel point ce n’est pas la maladie qui a donné son génie à Hawking. Si on veut l’admirer pour autre chose que son talent, on peut l’admirer pour sa volonté de fer. Elle lui donnait parfois un coté tête brûlée : il est capable de contredire un éminent chercheur, au milieu de l’amphithéâtre. Mais c’est certainement aussi cette volonté qui a contribué à ce qu’il continue à travailler sur sa thèse, à aller à des repas avec ses professeurs, alors même que les symptômes de sa maladie se faisaient de plus en plus présents.
On assiste à l’évolution de sa maladie (difficulté à marcher, chute, tremblements, difficultés d’élocution) mais on voit aussi ses réactions. On ne le voit pas se désespérer, mais ce n’est pas non plus comme si tout était rose. On voit ces moments, où il est agressif avec Jane, ces moments où ils s’énerve parce qu’il n’arrive pas à faire ce qu’il veut. Mais on voit surtout tous ces moments où la seule chose qui compte est la physique, et notamment ses discussions avec de grands chercheurs. C’est un peu comme si le reste était là, mais de manière secondaire.
Trois films pour découvrir Hawking
Un film, un documentaire, un téléfilm… A moins d’être réellement passionné de physique, voir les trois semble un peu exagéré. Mais alors comment choisir ? La merveilleuse histoire du temps est avant tout un (beau) film d’amour. Hawking (2013) est un bon documentaire pour qui veut apprendre à connaître la vie du physicien, ainsi que ses découvertes et théories – il intervient lui-même dans le film.
Le téléfilm Hawking est un compromis entre les deux. Il permet d’en connaître un peu plus sur la réalité de cette maladie qui n’épargne rien à celui qui en est atteint, mais aussi de comprendre un peu plus ses travaux en cosmologie et gravité quantique (qui ont inspiré l’ouvrage de vulgarisation scientifique La brève histoire du temps), sans pourtant se retrouver noyé sous les informations scientifiques. Ce dernier n’est pas drôle pour qui est malade ou sensible à cela, mais on y ressent une note de vérité, dans un univers sans manichéisme.