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Will, 9 ans, héros de dessin animé en fauteuil roulant

Habituellement peu représenté à la télévision, le handicap s’invitera prochainement sur vos écrans : la série Will, qui raconte les aventures d’un enfant de 9 ans en fauteuil roulant, compte sur l’aide des internautes pour financer ce dessin animé d’utilité publique.

La société de production audiovisuelle Cross River Productions (TransformicePetit cosmonaute) vient de lancer une campagne de crowdfunding pour financer le dessin animé Will, dont le héros est un garçon en fauteuil roulant. Le pitch :

« Will a neuf ans. Il a une famille aimante et sympathique, des devoirs qu’il rechigne à faire, une imagination débordante et des amis avec lesquels il adore jouer au basket, écouter du hip-hop et exploser les scores aux jeux vidéo. Une vie tout ce qu’il y a de plus normal, à une différence près : Will est en fauteuil roulant. Mais ce n’est pas ça qui l’empêche d’être un winner, bien au contraire ! »

Adaptée de la bande-dessinée Schumi, cette série de 52 épisodes de 2 minutes qui sera diffusée sur France 3 veut sensibiliser les enfants entre 6 et 10 ans aux problématiques liées au handicap. Son producteur, Jérôme Nougalis, répond à nos questions.

Cover Dressing : La série animée Will s’inspire de la bande dessinée Schumi de E411 et Zibrou. Avez-vous travaillé avec eux sur ce projet ?

Jérôme Nougalis : Oui, complètement. Nous avons acquis les droits d’adaptation de la bande dessinée mais ils restent très présents sur ce projet. Il y a une réelle implication de leur part. Ce sont par ailleurs des gens en or !

CD : Qu’est-ce qui vous a motivé à adapter cette BD à la télévision ?

JN : C’était un peu comme une évidence. Nous avons découvert la BD au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Cette bande dessinée a un vrai plus. Elle aborde le handicap avec le ton juste. Elle est d’utilité publique.

CD : Le design et les noms des personnages ont cependant été modifiés. Pourquoi ce choix ?

JN : Le graphisme entre une bande dessinée et une série animée est forcément différent. Au niveau du nom, Schumi, c’est pour Michael Schumacher. Vu la situation actuelle du pilote automobile suite à son accident, il n’était pas évident de garder ce nom. Et puis le nom de Will apporte une touche plus moderne.

CD : Quels seront les thèmes abordés par cette série ?

JN : Will, c’est le quotidien d’un enfant de 9 ans. Il est en fauteuil roulant mais il est exactement comme les autres enfants de son âge. Nous allons aborder l’accessibilité, le regard des autres sur le handicap, mais le sujet principal de la série Will, ce n’est pas le handicap ! Nous ne voulons pas du côté moralisateur. En ce sens, il n’est pas question de changer l’esprit de la bande dessinée. Les différents thèmes seront abordés d’une manière positive.

CD : Will sera donc une série animée positive ?

JN : Il ne faut surtout pas tomber dans le pathos ni faire du misérabilisme. Le héros voit la vie de manière positive. Il est confronté à la vie comme tous les enfants de son âge.

CD : Pourquoi avoir choisi de faire appel à Régis Vidal (directeur artistique sur le long-métrage d’animation « Le magasin des suicides ») pour diriger ce projet ?

JN : Régis Vidal a plusieurs casquettes. Il est concepteur graphique, directeur artistique, réalisateur. Il est donc très bien placé pour diriger ce projet et pour assurer la mise en scène des épisodes.

CD : Comment avez-vous défini la pertinence du traitement du handicap ? Avez-vous collaboré avec des associations de personnes en situation de handicap pour élaborer cette série ?

JN : Nous avons en effet collaboré avec des enfants en situation de handicap. Ils nous ont raconté leurs quotidiens. Nous avons abordé plein de thèmes avec eux. Le regard des autres, de quelle manière ils arrivent à se déplacer avec leurs fauteuils ? Mais aussi que feriez-vous faire à ce super héros ? Avec ces enfants nous avons vécu des moments forts et cela nous a d’ailleurs beaucoup motivés pour mettre en place notre projet.

CD : Le handicap est habituellement peu représenté à la télévision, et encore moins dans les dessins animés. Pourquoi, à votre avis ?

JN : Le sujet du handicap manque dans l’éducatif à la télévision. Le film Intouchables a cependant libéré le sujet du handicap. La série Vestiaires, diffusée sur France 2, aborde également le handicap. À ce propos, certains des acteurs de la série sont nos consultants. Ils nous aident dans les décors, à faire en sorte qu’ils soient adaptés aux personnes en situation de handicap. Le but de notre série animée est d’être drôle mais jamais blessante. Lorsque nous avons proposé cette série, France 3 a réagi très vite. Ils ont été de suite intéressés. C’est donc très encourageant et ça aide à aller de l’avant.

CD : Le thème de la mode sera-t-il abordé ?

JN : Will sera toujours habillé de la même manière mais avec des vêtements sympathiques. C’est un enfant de son temps. Il y aura par exemple un épisode dans lequel Will veut s’acheter des chaussures à la mode. Il va aller faire du shopping avec ses amis. Nous parlerons de l’accessibilité des magasins pour les personnes en fauteuil. Donc oui, la mode sera aussi un thème abordé.

CD : Que permettra cette campagne de financement ?

JN : Nous souhaitons utiliser l’exposition de la série. Nous aimerions créer un blog pour les enfants qui serait un espace d’échanges entre les enfants handicapés et valides. Ce blog serait gratuit. Nous pourrions également créer un jeu pour les tablettes ou les smartphones. Ce jeu consisterait à piloter Will sur son fauteuil roulant, à lui  faire franchir des obstacles. Les écoles pourraient ensuite reprendre ce concept. Il s’agit de sensibiliser les enfants au sujet du handicap.

Trois « paliers » jalonnent cette campagne de crowdfunding, qui permettront :

– à partir de 35 000 euros récoltés, de faire de Will un programme interactif, enrichi d’informations liées au handicap. Par exemple : « L’épisode « Les baskets de l’extrême » nous permettra de parler de la mode adaptée aux personnes en situation d’handicap ou encore l’épisode « The winner » nous permettra de faire le point sur les sports qui peuvent être pratiqués en fauteuil« .

– à partir de 70 000 euros, de mettre en place un blog dédié aux enfants pour leur permettre de poser les questions qui les taraudent concernant le handicap.

– à partir de 150 000 euros, de développer un jeu vidéo de sensibilisation aux handicaps moteur, visuel et auditif.

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