Deadly Motion Para-Normal : la mode comme exutoire ?
Raphaël de Monchy est en fauteuil depuis 2012. Pour surmonter ce grand bouleversement dans sa vie et pour accélérer un peu le temps passé à l’hôpital, il a lancé sa propre ligne de vêtements et accessoires « Deadly Motion Para-Normal », qui illustre avec humour et cynisme le regard qu’il porte sur le handicap. Témoignage.
Ma vision de la vie à changé depuis le 15 octobre 2012, date à laquelle ma propre existence a basculé et où j’ai été projeté dans un univers totalement inconnu. J’ai vu l’avant et l’après. Et tandis que je vois plus clair à présent, d’autres ne me voient plus du tout : on n’est plus l’homme robuste que l’on était, on devient le type en chaise roulante. À l’hôpital on n’est pas une personne mais un simple numéro, manipulé trop souvent comme de la chair à canon. Personnellement, lorsque je n’y pense pas, je ne me sens pas plus handicapé qu’un autre… Si certaines de mes fonctions motrices et sensitives ne répondent plus (tout du moins pour le moment), mon cerveau, lui, n’a jamais cessé de fonctionner. Au contraire, le fait d’être privé de certaines choses m’en a fait développer d’autres. Je me sens même parfois plus valide qu’un valide, et ce n’est pas qu’un sentiment !
On se fait toute une idée lorsque l’on voit un fauteuil roulant. On en a une vision globale assez glauque et pourtant, il y a un tas de personnes hors normes, dynamiques, souriantes, avec une réelle joie de vivre et d’être encore de ce monde, qui ne demandent qu’à s’exprimer. Je veux changer la vision que l’on se fait du handicap, réunir ceux qui pensent que deux mondes les séparent alors qu’ils vivent dans le même.
« Deadly Motion Para-Normal », c’est avant tout un exutoire. C’est le moyen le plus direct d’exprimer ce que j’ai dans la tête, parfois de manière un peu brusque, mais toujours avec une pointe d’humour.
Le message que j’aimerais faire passer grâce à Para-Normal, c’est que les personnes en situation de handicap, comme moi, comme d’autres, doivent être fiers de ce qu’ils sont. C’est certes un autre rythme où tout est différent, mais à force de repousser ses limites sans cesse, on développe une immense force et on est capable d’accomplir l’inimaginable. Il n’y pas besoin de vouloir faire les choses comme si on était debout, comme avant, comme « les autres ».