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La chronique ciné de Circé : « Une merveilleuse histoire du temps »

Comment aborde-t-on le handicap au cinéma ? Tout comme dans la littérature, l’approche est différente selon qu’il s’agisse d’une biographie ou d’une fiction : généralement, le handicap ou la maladie est décrit(e) dans la première, et donne du ressort ou un prétexte narratif dans la seconde. Circé, qui connait la sclérose en plaque, nous confie son ressenti face à des films supposés évoquer, de près ou de loin, une part de son expérience.

« Une merveilleuse histoire du temps », sorti le 21 janvier dernier, relate l’histoire du physicien de génie, Stephen Hawking. L’histoire débute en 1963 alors que Stephen Hawking est étudiant à Cambridge. On comprend très vite qu’il s’agit d’un élève hors du commun – il m’a d’ailleurs rappelé le héros de Will Hunting, jeune surdoué joué par Matt Damon.

Ce film est une biographie. Vous parler du film sans spoiler certaines scènes est un exercice difficile, auquel je vais tenter de me plier autant que possible. Rassurez-vous, je ne vous en dirai pas vraiment plus que la fiche Wikipédia consacrée à ce fabuleux personnage. Vous n’aurez, à me lire, que mes modestes commentaires, dont j’espère qu’ils appelleront les vôtres. Rien ne vaut, en effet, de voir un film à travers ses propres yeux pour se faire son avis et en profiter entièrement, alors si vous n’avez pas vu le film : oust, au cinéma !

Juste quelques mots sur l’histoire

A Cambridge, Stephen rencontre Jane, étudiante en art dont il tombe amoureux. Tout va pour le mieux sauf que, peu à peu, la maîtrise de son corps lui échappe : tout d’abord avec un stylo qu’il a des difficultés à ramasser, puis des tremblements pendant qu’il écrit des opérations au tableau… jusqu’à ce qu’il tombe, ventre à terre, devant d’autres étudiants. Des examens à l’hôpital révèlent une sclérose latérale amyotrophique (SLA), aussi appelée maladie de Charcot, et le médecin ne lui donne que deux ans d’espérance de vie. Celle-ci continue cependant : il se marie très vite avec Jane, avec qui il aura trois enfants. Pour résumer à gros traits, il passe avec succès son doctorat, et passera sa vie à travailler et approfondir ses théories de l’univers et du temps.

Maladie, génie, amour

Affiche du film Une merveilleuse histoire du temps de James Marsh - 2014
Affiche du film « Une merveilleuse histoire du temps » de James Marsh – 2014

En tant que personne atteinte d’un maladie cousine de la SLA, je ne peux être complètement neutre par rapport à ce film. J’ai retrouvé beaucoup d’éléments se rapprochant de ma propre vie, comme cette scène où son épouse lui amène un fauteuil roulant. Ce moment est une épreuve, un peu comme une vraie présentation où l’on regarde l’autre (ici, le fauteuil) comme un intrus, comme une personne qu’on ne souhaite pas réellement intégrer durablement dans sa vie. «C’est temporaire» , dit Stephen à Jane.
L’évolution de la maladie, avec pléthore de symptômes et l’arrivée de nouvelles incapacités, est montrée assez franchement, sans tomber dans le larmoyant. La maladie n’est pas le sujet principal du film et c’est très bien comme ça ! Elle est partout, tout le temps, mais le véritable sujet reste la vie de Stephen Hawkins avec sa vie de famille, sa femme, son génie. Son histoire d’amour avec Jane y tient une grande place. Cette femme me rappelle celle de Georges VI dans « Le discours d’un roi » : lui a un gros problème d’élocution qui l’handicape dans ses fonctions, et elle fait son possible pour lui permettre de le dépasser. J’ose le parallèle :  ces deux femmes se sont  consacrées à aider leurs maris, pour qu’ils puissent vivre, travailler, se réaliser malgré leur handicap. S’il n’y avait pas la maladie, l’histoire de Jane et Stephen aurait presque tout du conte de fée un peu linéaire. Même la séparation se fait sans heurts.

Le (trop) court résumé d’une vie

J’aurai pourtant aimé en savoir plus. Le film aborde un peu tous les aspect de la vie de Stephen Hawking, mais donne, de ce fait, le sentiment de rester à la surface. En même temps, comment presque tout dire d’une vie si intense, parler à la fois de son génie, de sa famille, de sa maladie, sans rien occulter ou minimiser, et en seulement deux heures ? Alors tout est là, et on peut être frustré de ne pas en apprendre plus, ni sur la SLA, ni sur les théories scientifiques de Stephen, ni sur les réactions de ses collègues, ni sur… mais après tout, c’est le parti pris du film et il faut le prendre ainsi ! Il effleure un peu tout, expose les grandes lignes d’une tranche de vie, sans mettre de véritable relief sur un aspect plutôt qu’un autre. Du coup, je vous le confie, même si je l’ai aimé, j’ai parfois trouvé ce film un peu long et lent. Mais mettre l’accent sur tel ou tel aspect aurait peut-être, pour le coup, rendu le film carrément soporifique, ou bien trop technique ! Vous vous y connaissez, vous, en radiation Hawking ?

Après tout, il s’agit de décrire une trajectoire de la vie de Stephen Hawking, héros de ce film. Certains, à n’en pas douter, voudrons voir en lui un homme courageux, d’être un physicien hors normes malgré sa maladie. Pourtant, il n’est pas certain que la maladie ait changé quoique ce soit dans sa pratique de physicien. C’est ça qui est courageux, me direz-vous ! Pas si sûr : il a juste continué à faire ce en quoi il croyait, ce pour quoi il était doué. Stephen est homme, père, physicien, mari, malade, et il ne peut être résumé à un seul de ces aspects, parce qu’il est tout ça à la fois. C’est sans doute aussi cela qu’il faut retenir du film, et c’est déjà bien. Le scénario a été construit principalement à partir des mémoires de Jane, sa première épouse : c’est donc son regard qui est traduit dans le film, ce qui explique certainement la présentation « multi-facettes » de l’homme.

Hawking, un documentaire de Stephen Finnigan de 2013
Hawking – documentaire de Stephen Finnigan – 2013

Moi, je l’admire, parce qu’il est un sacré scientifique qui a su, entre autres, expliquer le phénomène des trous noirs. J’ai beau être inculte dans le domaine, je reste les yeux écarquillés comme une enfant devant un esprit aussi brillant. Cela m’a donné envie de voir le film « Hawking » de Stephen Finnigan, sorti en 2013. Dans cette version documentaire, Stephen Hawking se raconte lui-même. L’intensité du personnage, la façon dont il est présenté et dont ses véritables proches parlent de lui, l’évocation de la maladie et de ses découvertes en cosmologie en font certainement un documentaire fort et vibrant. Je vous en offrirais volontiers un petit édito !

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Un commentaire

  1. Super critique de film, qui me donne quand même envie de le voir ! Je n’en avais pas entendu parler. Ce qui me paraît intéressant, dans ce film, c’est qu’il semble parvenir à montrer toutes les facettes (ou presque) d’un même individu, sans le réduire à une seule étiquette. C’est probablement l’avantage de raconter une histoire vraie !

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