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Handicap au cinéma : toute ressemblance avec …..

Dustin Hoffman et Tom Cruise dans Rain Man - Film de Barry Levinson - 1988
Dustin Hoffman et Tom Cruise dans Rain Man, un film de Barry Levinson en 1988

Cinéphile, sériephile, Circé s’interroge sur les images du handicap dans le 7ème art. Miroir ou caricature ? Réalisme ou clichés ? Circé nous confie ce qu’elle éprouve face à ces représentations, parfois supposées lui ressembler.

 

Depuis le buzz du film Intouchables de Eric Toledano et Olivier Nakache, on a assisté à l’arrivée sur le marché du cinéma de nombreux films à succès parlant du handicap. Mais il serait faux de croire que c’est un phénomène entièrement nouveau.

Le premier qui me vient immédiatement à l’esprit est le magnifique Rain Man avec Dustin Hoffman et Tom Cruise. Il est sorti en France en 1988 et traitait du handicap mental par le biais d’un homme atteint d’autisme (joué par Dustin Hoffman). Certes l’autisme n’est pas la même chose qu’un handicap moteur, de même qu’un handicap sensoriel est encore bien différent. Malgré tout, je mets ces films dans la même catégorie : ils traitent de la différence, d’une manière d’être, de vivre un peu différente de la majorité des personnes. Étant moi même handicapée et atteinte d’une maladie chronique et dégénérative, j’ai souvent des sentiments assez ambivalents envers ce genre de film.

C’est déjà bien d’en parler…

Affiche du film Freaks réalisé par Tod Browning en 1932
Affiche du film Freaks de Tod Browning, 1932

J’en ai parlé avec des personnes valides qui trouvent que le fait d’en parler est déjà une bonne chose. Certes, je ne vais pas le nier. On ne nous cache plus au fond d’un placard ni ne nous embauche dans un cirque. Je me souviens du film Freaks que j’avais vu étant adolescente, qui parlait d’un cirque dont les personnages étaient des personnes «différentes» : nain, amputé, difformes… Les mots sont volontairement forts et sans fioritures parce que, justement, ce film était sans fioritures ni égards pour ces personnes, difformes, à faire peur. Heureusement, les personnes avec un handicap quel qu’il soit ne sont plus montrées dans un cirque comme une attraction, cool ! Non parce que j’ai bien rêvé étant enfant de devenir artiste de cirque mais plus en tant que trapéziste, que monstre ! Par contre, je me demande si leur vie n’est pas parfois un peu livrée en pâture à l’esprit voyeur de l’être humain.

« Quel courage ! »

On en parle mais en même temps, n’y a-t-il pas un effet de mode ? Puis j’irais plus loin, n’est ce pas avec un certain regard de pitié ou en tout cas de stigmatisation ? Ce sont toutes ces questions que je me pose, et qui font que j’ai toujours un temps de retard pour aller voir ces films. Quand je ne les boycottes carrément pas, ce n’est pas bien, je reconnais.
Je me souviens des commentaires que j’ai entendus suite à Intouchables, du genre « quel courage !», « je ne pourrais pas le supporter si je devenais comme ça »… Oui, enfin…. d’une part, les gens ne choisissent pas ! Puis c’est un film, hein, l’histoire d’UNE personne, pas l’histoire de toutes les personnes atteintes de tétraplégie.

Voir un film pour ce qu’il est !

Mais justement, c’est un film ! Ne suis je pas trop dure avec les films traitant de ce sujet en particulier ? Deux jours une nuit raconte l’histoire d’une ouvrière qui se fait licencier et se bat bec et ongles pour que ses collègues l’aident et soient solidaires. J’ai aimé ce film, je ne l’ai pas trouvé mielleux, faux ou je ne sais quoi. Et quand aux films traitant de sujets durs mais réels comme Au revoir les enfants au sujet d’enfants juifs sauvés pendant la seconde guerre mondiale, ils sont romancés, souvent librement adaptés et pourtant, j’y prend du plaisir et je ne sors pas du cinéma en criant haro sur le baudet. Peut être est-ce parce que je ne me sens pas concernée de la même manière. Mais est-ce vraiment une raison ? Voir un film pour ce qu’il est !

Photo du film Intouchable, d'Olivier Nakache et Eric Toledano, en 2011
Photo du film Intouchable, d’Olivier Nakache et Eric Toledano, en 2011

Je suis la première à râler quand j’entends une personne parler du dernier X men et dire qu’il est plein d’effets spéciaux mais qu’il manque un peu de profondeur. Je ne vais pas voir X men pour me creuser la tête, réfléchir au sens de la vie. J’y vais pour me détendre, voir de beaux effets spéciaux et je pense que c’est le but recherché ! Du coup, rendons à César ce qui est à César. Quand je vais voir Intouchables, est-ce que je n’en attend pas trop ? Comme s’il devait être parfait, rattraper toute la méconnaissance des gens sur le sujet, leur faire réaliser qu’on est juste des personnes.
Je ne suis pas une grande fan des grosses comédies. Je manque sûrement un peu d’humour. Pour autant, je pense que l’on peut rire de beaucoup de choses mais que, par contre, ça ne dédouane pas d’être fidèle à une réalité, de ne pas déformer, de ne pas en rajouter juste pour le spectacle (exception faite des sketchs ou films caricaturaux où là, déformer et exagérer est le principe même ).

Et si le handicap restait accessoire ?

Est-ce que le handicap ne pourrait pas, parfois, être un sujet dans le film sans être le sujet principal ? Les personnes handicapées ont aussi des problèmes qui ne sont pas forcément liés à leur handicap, même si celui ci a forcément un impact. Par exemple, un personne peut être licenciée pour raison économique sans que son handicap n’y soit pour quelque-chose. Par contre, oui son handicap interviendra dans le fait, par exemple, qu’elle aura des difficultés à retrouver un travail par la suite.

Ces films ont tendance a provoquer chez moi des émotions assez contradictoires. Je ne leur pardonne rien ! Ni invraisemblances, ni erreurs ! Je pose des questions, parce que je n’arrive pas moi même à décrypter ce que je ressens, à en comprendre les raisons et à ne pas m’en sentir stigmatisée.

à suivre…

En attendant, retrouvez Circé sur son blog douce.barbare.com

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