Dossier prothèse : La prothèse, objet d’art ?
Malgré la sous-représentation des personnes amputées dans le monde de la mode, la prothèse est quant à elle, paradoxalement, un support et une source d’inspiration pour certains créateurs. Qu’il s’agisse de magnifier un appareillage ou de se réapproprier une esthétique généralement jugée comme strictement médicale, la mode transcende le handicap à sa façon. Tour d’horizon de la relation entre artistes et prothèses.

La frontière est parfois mince entre accessoire de mode et objet d’art, et The Alternative Limb Project, une initiative de Sophia de Oliveira Barata, franchit très nettement ce pas. La jeune femme, qui a étudié les effets spéciaux prosthétiques à l’Université des Arts de Londres, conçoit notamment des membres prothétiques surréalistes – mais fonctionnels. Ses créations ont fait le tour du web, en particulier sa « Crystallized leg », sponsorisée par Swarovski et portée par la chanteuse et mannequin Viktoria Modesta incarnant la Reine des Glaces durant la cérémonie de fermeture des jeux paralympiques à Londres en 2012.
Le travail du peintre et sculpteur Julien Legars est quant à lui traversé par cette thématique qui revient à la fois dans ses peintures, mais aussi dans ses parures de contraintes, entre attelles et bijoux. Dans le même esprit, les bijoux de Jennifer Crupi sont conçus pour maintenir une gestuelle ou une posture élégantes, inspirées de peintures historiques.
Scott E Forsythe aborde le sujet sous un angle encore différent. Le designer, qui a notamment travaillé chez IKEA, envisage un peu la prothèse comme un meuble, un objet du quotidien, en se concentrant sur l’utilité puis sur l’esthétique.
La collection « Kinetic Traces » de la créatrice Silvia Fado reprend le mécanisme hydraulique pour l’adapter aux chaussures à talons, permettant ainsi une meilleure absorption des chocs.