Interviews - Portraits

Priscilla Dauriac : Une non voyante tournée vers les autres

Priscilla Dauriac à 30 ans. Non-voyante depuis l’âge de 4 ans, elle lance sur internet un questionnaire. Objectif : mener une étude sur la satisfaction et l’accessibilité des personnes handicapées au monde de la mode et de la beauté. Une initiative qui ne pouvait laisser Cover Dressing indifférent.

Priscilla est le plus souvent accompagnée de Vi_IMG_2348Blightgean,  son chien guide d’aveugle. Après des études en lettres modernes qui ne semblent pas la combler, la jeune femme décide de se réorienter vers le bien être au travers de différentes formations de massage. Dans la foulée, elle s’inscrit pour une formation d’esthétique adaptée aux personnes déficientes visuelles. Elle suit toujours aujourd’hui une formation de massage en se spécialisant dans la science du Shiatsu, une technique de thérapie manuelle d’origine japonaise.

Une association pour très bientôt

Mais Priscilla ne s’arrête pas là, elle est en train de monter une association. A travers celle-ci, elle veut s’orienter vers le conseil en image à destination des personnes déficientes visuelles, pour les aider à reprendre confiance en elles. Comme elle nous l’explique, « j’ai l’idée de monter de petits ateliers autours de différents thèmes, comme l’assemblage des couleurs que ce soit pour les vêtements ou le maquillage. D’autant que quand on a jamais vu, il est difficile d’imaginer des couleurs, mais on sait que le noir par exemple peut se marier avec toutes les autres couleurs. Moi qui ai vu jusqu’à l’âge de 4 ans, j’ai encore quelques notions de ce que sont les couleurs, même si ça remonte à très loin. Je me souviens vaguement comment c’était, mais ce n’est plus aussi claire. Pour ceux qui n’ont jamais vu, c’est une toute autre approche, il faut alors forcément compter sur les autres et faire confiance« .  En fait, la jeune femme ne fait rien au hasard. Pour  parfaitement répondre à l’attente de celles et ceux qui feront prochainement appel à elle, elle a constitué un groupe de discussion sur internet, dont elle est la modératrice. Ce groupe a établi une liste de priorités, de points essentiels à aborder dans le domaine de la mode et de la beauté et c’est à partir de cette liste que Priscilla va mettre en œuvre ses actions futures._IMG_2387-copielight

Un questionnaire en ligne

Toujours dans cette envie d’aller au bout des choses, Priscilla, vient de mettre en ligne une enquête sur l’apparence et l’accessibilité, et ce, pour deux raisons, « pour mieux cibler les demandes, les attentes des personnes handicapées visuelles au niveau de l’accessibilité au monde de la mode et de la beauté, autour de ce qu’il serait urgent d’améliorer, de changer ou au contraire à garder et ça va m’aider dans les actions que je vais mettre en œuvre avec mon association  » nous explique-t-elle, avant d’ajouter, « j’ai également une présentation orale à faire au mois de janvier dans le cadre de mes études  devant des professionnels de la mode et de la beauté et à qui je vais devoir montrer qu’il y a une très forte demande dans ce secteur de la part des déficients visuels ». Si ce questionnaire vous intéresse, si vous souhaitez le remplir, il vous suffit de cliquer ici.

Pas toujours facile de  se faire plaisir

guidé par vigeanPriscilla Dauriac connaît bien le site de Cover Dressing, elle nous proposera d’ailleurs prochainement des articles. Lors de l’entretien qu’elle nous a accordé elle nous a expliqué ce qu’étaient les principales difficultés pour une personne non voyante lorsqu’elle décide de faire du shopping : « pas toujours facile de décider de flâner, de faire du lèche-vitrine, entre midi et deux lorsque l’on a une pause. Les vendeurs sont en général assez ouverts, ils sont prêts à nous aider, mais au bout d’un moment, surtout lorsqu’il y a du monde dans la boutique, on accapare le personnel du magasin plus longtemps que des personnes voyantes et l’on sent bien que cela pose quelques soucis  » et elle poursuit, « il doivent rester plus longtemps avec nous du fait de notre handicap, mais aussi parce qu’ils ne posent peut-être pas les bonnes questions. Ils ne savent pas, ils ne se sentent pas très à l’aise et nous le ressentons… » et de conclure, « nous devons nous-mêmes apprendre à mieux nous connaître pour mieux demander aux vendeurs ce que nous voulons, c’est le but de mon association, mais il serait bon que les personnels des magasins soient également mieux formés pour nous accueillir« .

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Un commentaire

  1. Wow, bravo! Poursuivez votre défi, Madame Priscilla Dauriac. Avant la perte de la vue, j’étudiais en Art Vestimentaire. Vraiment génial de partager l’actualité de la mode sur toutes ses coutures… J’AIME!

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