Depuis 22 ans, Martine Aubé est atteinte d’une neuropathie optique héréditaire de Leber. Une maladie qui se traduit par une atrophie du nerf optique. Aujourd’hui, Martine est malvoyante, elle ne distingue que des ombres et quelques couleurs très vives ou très claires.
Martine Aubé habite au Havre, en Seine-Maritime, c’est la que Cover Dressing l’a rencontrée, accompagnée de sa chienne guide, Cora. C’est à une table d’un café-restaurant qu’elle nous a confié ce qu’était son quotidien, lorsqu’elle se rend dans des magasins pour acheter des vêtements.
Ce qui est surprenant, c’est que Martine aime se rendre dans les boutiques. Malgré son handicap, ça ne semble pas être une contrainte, bien au contraire. Ce qui peut la déranger est ailleurs. Ainsi, le plus souvent, elle annonce son handicap d’entrée de jeux. Et puis la présence de sa chienne à ses côtés est aussi un indice, mais pourtant, nous explique-t-elle : « les vendeuses me disent souvent, voyez ou regardez, alors que je viens de leur dire que je ne vois pas« . Même chose pour Cora, « il n’est pas rare que l’on me dise que les chiens sont interdits » souligne-t-elle, avant de préciser, « mais maintenant, les gens me connaissent mieux, donc c’est moins difficile. »
Une palette de couleurs
Mais Martine a surtout une astuce pour bien faire savoir ce qu’elle veut. Elle a fait il y a de cela quelques mois un diagnostic avec une conseillère en image qui lui a dit ce qu’elle devait porter en fonction de sa taille et de sa morphologie. Ainsi, nous explique-t-elle, « je sais qu’en bas je peux porter ce que je veux comme couleur, mais en haut, il me faut des couleurs froides, alors j’ai un nuancier, que je présente dans les magasins pour que l’on me propose des couleurs en rapport avec celles de ma palette. »
Une astuce, dont Martine est très fière et qui lui simplifie sacrément la vie.
Et il n’y a pas que pour les couleurs pour lesquelles Martine est très exigeante. Il en va de même pour la forme des vêtements. Toute menue, Martine Aubé fait du S. Donc pas question pour elle de mettre des choses trop amples, « quand on met du S » dit-elle, « il faut des choses près du corps. Pas question que l’on essaie de me proposer autre chose. Même si l’on me dit que ça me va très bien, si ce n’est pas près du corps, je ne l’achète pas. »
Mais les vendeuses essaient-elles parfois de lui vendre autre chose que ce qu’elle désire ? « Oui » répond Martine, « surtout au début, maintenant, je ne me fais plus avoir, je sais ce que je veux, mais avant, il m’arrivait d’acheter des articles qui faisaient un peu mémère et mon petit-fils m’en faisait la remarque lorsque je rentrais à la maison. »
Le shopping est un plaisir !
Mais concrètement, comment fait Martine, pour choisir ses vêtements ? Là encore, les réponses semblent couler de source : « Avec Cora, j’élimine toutes les matières qui peuvent attirer les poils. J’évite donc tout ce qui est lainage. Après je touche les vêtements, je touche leur forme, je distingue certaines couleurs et en fonction de ce que je cherche, j’essaie ou pas ». Quant à savoir si elle a besoin d’un conseil, « j’aime bien que l’on me dise ce que l’on en pense, mais le plus important, c’est que je me sente bien dedans ». En revanche, Martine adore faire ses achats en compagnies d’amies qui comme elles sont malvoyantes. Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, faire du shopping lorsque l’on ne voit pas, ou mal, ce peut être un vrai plaisir et Martine Aubé ne s’en cache pas : « c’est un véritable plaisir, oui…plus qu’avant même lorsque j’étais voyante » et de poursuivre « comme j’ai du mal à trouver et bien finalement je prends plus de plaisir à chercher. Avant, j’allais très peu dans les magasins, aujourd’hui avec mon handicap, j’ai pris de l’assurance, je sais ce que je veux et j’aime vraiment faire du shopping. »
Merci à Martine Aubé, que nous retrouverons prochainement. Elle nous parlera maquillage et nous dira aussi, comment elle a organisé son dressing.
